Édition du mardi 15 juillet 2008
Le Conseil d'Etat annule la possibilité de rémunérer les copies illicites au titre de la copie privée
Le Conseil d'Etat a annulé vendredi dernier (1) la décision du 20 juillet 2006 de la commission prévue à l'article L.311-5 du code de la propriété intellectuelle relative à la rémunération pour copie privée.
Le syndicat de lindustrie de matériels audiovisuels électroniques avait saisi le Conseil dEtat pour lui demander dannuler la décision du 20 juillet 2006 de la commission qui détermine les montants de la rémunération pour copie privée perçue sur les supports denregistrement.
La décision contestée avait tenu compte, pour chaque support, du préjudice subi non seulement du fait des copies licites mais également du fait des copies illicites de vidéogrammes ou de phonogrammes.
Le Conseil d'Etat sest donc prononcé sur la possibilité de prendre en compte lusage aux fins de copies illicites de supports denregistrement pour déterminer le montant de la rémunération pour copie privée.
Dans sa décision, le Conseil dEtat a dabord rappelé que la rémunération pour copie privée constitue une exception au principe du consentement de lauteur à son uvre. Il a donc jugé quelle a pour unique objet de compenser, pour les auteurs, artistes-interprètes et producteurs, la perte de revenus engendrée par lusage qui est fait licitement et sans leur autorisation de copies duvres fixées sur des phonogrammes ou des vidéogrammes à des fins strictement privées.
Il en a déduit que la détermination de cette rémunération ne pouvait prendre en compte que la copie privée licite, qui comprend notamment les copies réalisées à partir dune source acquise licitement.
Le Conseil d'Etat a donc annulé la décision de la commission qui avait tenu compte, à tort, du préjudice subi du fait des copies illicites de vidéogrammes ou de phonogrammes.
Toutefois, eu égard aux graves incertitudes quant à la situation et aux droits des ayants-droits et des entreprises contributrices, et aux conséquences de la généralisation de demandes de remboursement ou de versements complémentaires sur la continuité du dispositif de rémunération des auteurs au titre de la copie privée, le Conseil d'Etat a jugé que la protection de l'intérêt général justifiait, à titre exceptionnel, que lannulation de cette décision nintervienne quà lexpiration dun délai de six mois à compter de sa décision.
(1) Section du contentieux, 10ème et 9ème sous-sections réunies- Séance du 26 mai 2008- Lecture du 11 juillet 2008, n°298779.
Accéder à la décision du Conseil dEtat, lien ci-dessous.
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